samedi 30 janvier 2016

Départ du Kerala

Si les lézards de maison faisaient leur job correctement, mon livre de mots croisés ne serait pas plein de sang, de pattes et d’ailes écrasées. Sa page couverture ne serait pas arrachée non plus et je n’aurais pas à faire la chasse aux maringouins. Je comprends qu’ils ont le sang froid, mais avec les 36°C que nous avons le jour, ils pourraient s’activer. J’ai songé à disposer les moustiques morts sur le bord des fenêtres pour affoler les autres, mais j’ai abandonné cette « brillante » idée en me disant que ça ne marcherait pas : les fourmis feraient le ménage, elles.

Je me disais aujourd’hui, qu’après la moitié d’une année passée en Inde, nous ne sommes toujours pas lassés de ce pays. C’est que ce n’est pas qu’un pays; ce sont des dizaines de cultures et d’ethnies différentes. Après un mois au même endroit, nous commencions à avoir nos habitudes. Hier, j’ai fait mes adieux à mes amis pêcheurs. C’était un peu émouvant. Je me console : ils n’ont pas encore pris de saumon cette année. Lorsque je leur ai raconté ma prise, ils voulaient tout savoir : heure, leurre, etc… Faut dire que j’y ai mis plus d’heures qu’eux, qui travaillent toute la journée. Il n’y a pas de règlements de pêche au saumon ici, mais personne ne tend de filets dans la rivière pour les prendre, et nous sommes tout au plus 4 ou 5 sur la jetée à lancer des fils à l’eau. On ne peut pas dire la même chose pour la pêche en mer. Des dizaines et des dizaines de bateaux quittent le port chaque jour. Ici comme ailleurs sur la planète, on s’acharne à vider l’océan.

On quitte le confort dans lequel on s’est installé, nos voisins, nos vendeurs de légumes, de fruits et de poissons. On abandonne des choses et des gestes différents de nos habitudes québécoises : les douches pour se rafraîchir (il n’y a pas d’eau chaude, ici), la baignade quotidienne, les quelques minutes de méditation devant la mer au coucher du soleil, ma vie à la maison vêtu d’un seul dhoti parce qu’il fait trop chaud pour autre chose, les saluts et les sourires à répétition, le papayer qui me sert de support lorsque je me rince les pieds avant d’entrer, les corbeaux qui jacassent et me font des remontrances (j’en reparlerai, de ces motards), les noix de coco qui tombent à un mètre du seuil de la maison, le rat qu’on voit passer le soir le long du muret et qu’on entend ronger toute la soirée (avec ses copains, j’imagine), les cuvettes des fourmilions, refaites à neuf chaque matin, etc.

On se crée vite des habitudes. En passant devant l’un de nos marchands de poissons, nous remarquions aujourd’hui, la présence quotidienne de deux ou trois amis ou voisins devant le comptoir. J’imaginais assez leur sortie de la journée : on va rencontrer le vendeur, on parle de pêche, des poissons du jour, des nouvelles du jour, et un rite s’installe qui ne peut plus être brisé. On peut tous embarquer dans de telles habitudes. Nos Tim Horton en sont un bel exemple.  


Demain, nous brisons nos habitudes. Nous jetons notre confort par-dessus bord. Nous  partons pour Munnar, dans les montagnes à thé. Moins de 200km d’ici; 5h30 d’autobus.  
J'ai une bien meilleure vidéo, mais elle est trop longue pour le blogue. Désolé! Faudra vous contenter d'un court instant de leurs petits bateaux sur des grosses mers. 

jeudi 28 janvier 2016

Les colonnes pénitentiaires

Condamnées aux travaux forcés, les petites fourmis deviennent peu à peu une préoccupation constante (un euphémisme, vous aurez compris) pour Céline. Si nous ne partons pas bientôt, elle finira par en rêver.

Sitôt repéré un dépôt alimentaire, les petites organisent une colonne de transport d’une redoutable efficacité. Pas plus grosse qu’un ou deux millimètres, elles transportent les cadavres des maringouins que nous abattons à coups de recueil de mots croisés ou de serviettes humides, nettoient la goutte d’eau sucrée oubliée, la miette de pain, et ce matin, ma pâte à pain qui levait tranquillement sous une serviette. Il ne leur a pas fallu plus de 30 minutes pour faire la chaîne. Elles me fascinent; Céline garde un œil vigilant sur leurs moindres mouvements de troupe.

La semaine dernière, elles avaient entrepris de sortir du sable en passant entre les morceaux de céramique de la salle de bain. Elles extirpaient tant de sable chaque jour que nous avons commencé à envisager un effondrement du plancher. Nous les avons traitées à l’acide borique dans un délicieux liquide sucré et en même temps qu’elles disparaissaient, toute la colonie qui patrouillait la galerie a disparu. Aujourd’hui, elles reviennent en force. Une nouvelle équipe semble avoir récupéré les boyaux (après ensevelissement des cadavres, j’imagine). On anticipe une suite. La guerre ne fait que commencer…
 

Il y a une 5ième colonne, peut-on dire, qui rentre par le fenêtre de la chambre à coucher, descend jusqu’au sol, fait le tour de la chambre en suivant le bas du mur, traverse le corridor devant la salle de bain, fait le tout de la cuisine, grimpe le long du comptoir, contourne la fenêtre et sort par une ouverture de ventilation près du plafond. Une trentaine de mètres pour elles; une bonne trentaine de kilomètres pour nous.  

J'avais promis une photo de la jetée. Chacun de ces bidules est au moins aussi haut que moi. Il devient plutôt angoissant de sortir un saumon de l'eau à travers ça. Je n'ai pas trouvé le nom exact de ces pièces de béton. J'ai l'impression qu'on les a inventé pendant la 2e guerre mondiale. Si quelqu'un veut faire la recherche et me dire comment on appelle ça en français, j'apprécierais.

mardi 26 janvier 2016

Photo-cadeau: Guêpier à queue d'azur


Nouvel essai

De nouveau sur la jetée, tôt cette pm. Les vagues étaient grosses. Le vent de face. Malgré que c’était fête nationale, il n’y avait qu’un pêcheur.  À ce temps de la journée, les gens se tiennent à l’ombre. Il fait trop chaud. La surface de la mer ne révélait pas de présence de prédateurs. Que les dauphins en ravaude à quelques encablures, comme tous les jours. On finit par les oublier.

Je fais quelques lancers. J’ai peu d’espoir. Je lance sous le vent, très loin en face de moi, juste dans le miroitement du soleil lorsque vlan! Une grosse attaque, comme hier. L’eau qui s’éclabousse. Ma ligne qui se tend. Et c’est tout. Il n’est pas ferré. Aucune autre touche de la journée. Ils me semblent attaquer lorsque le leurre touche l’eau. Plus tard, quelques-uns se sont manifestés juste devant moi. Sans plus.

Le matin, nous avions fait nos achats au village : quelques œufs, légumes, café instantané (il n’y en a pas d’autre et il coûte aussi cher que chez nous), lait en poudre (très bon, soit dit en passant), noix de coco (peut-être une petite vengeance?), 300 grammes de riz (on doit les énerver parce que les autres clients l’achètent au kilo) et enfin, je voulais une paire de pince à bout long. Comme je ne connaissais pas le terme anglais, j’ai dessiné l’outil. On m’a orienté vers le bon magasin. 2$ tout juste. Qualité qui me semble correcte. À utiliser pour enlever mon leurre de la gueule d’un saumon, si j’en capture un, bien sûr! Preuve d’optimisme.

Au retour, j’ai tenté de filmer Céline à vélo dans le trafic. Je me suis presque cassé la gueule. Dangereux, dites-vous? Vous avez parfaitement raison.

Demain, je vous donne des photos de la jetée.


lundi 25 janvier 2016

Histoire de pêcheur

J’ai ferré mon premier saumon aujourd’hui. C’était à marée haute, vers 14h, soleil éblouissant. Dès mon arrivée sur la jetée, j’ai perçu qu’ils étaient là. En abondance. Dans les miroitements du soleil sur l’eau et à travers les restes d’écume des vagues, on voyait le menu fretin s’élancer vers le ciel pour échapper à de gros prédateurs. Juste derrière eux, l’eau bouillonnait près de la surface avec quelques jets d’écume inopinés et de brèves spirales.

J’ai lancé ma ligne 2 fois. Au deuxième retour, j’ai eu une brève touche qui m’a galvanisé. J’ai fait quelques lancers supplémentaires, puis, en m’aidant du vent léger, j’ai projeté mon leurre très loin, dans le courant de la rivière. C’est là que j’ai ferré mon saumon. Un immense arrachement. Il s’est projeté dans les airs, enveloppé d’écume scintillante, puis s’est mis à résister de toutes ses forces. Il s’éloignait, mon moulinet donnant du fil, je le ramenais, il repartait pour revenir toujours plus près. Je me demandais comment je pourrais le sortir de l’eau à travers les grosses pièces de béton de la jetée lorsqu’il a plongé très profondément pour se loger sous ces pièces de béton. Ma ligne s’est brisée en frottant sur le ciment. Dommage. Mon seul espoir, c’est qu’il réussisse à se débarrasser de mon leurre.

Je crois que je l’ai ramené trop rapidement. Il avait encore beaucoup d’énergie, tellement qu’il a réussi à plonger profondément. S’il avait été suffisamment épuisé, il serait resté en surface. Manque d’expérience. Mon premier dans de telles conditions. Celui que j’avais pris en mer avec Dan avait été ramené avec une grosse canne et du fil pratiquement incassable. L’animal n’avait pas eu la chance de résister bien longtemps. 

J’ai utilisé mes autres leurres, mais ça ne donnait rien. J’ai sauté sur mon vélo pour aller m’en racheter un comme celui que j’avais. Le vendeur n’en avait plus. J’ai pris quelques semblables. Au retour, alors que je pédalais à fond de train, j’entends un gros bruit dans le feuillage au-dessus de moi, suivi du bruit sourd d’une noix de coco qui tombe sur la route à moins d’un mètre. Ouf! Quelle débarque si elle m’avait touché! En arrivant au quai, la marée baissait et je n’ai pas eu d’autres touches. Peut-être mes nouveaux leurres ne sont pas efficaces; peut-être la période d’activité était-elle terminée. Des peut-être de pêcheur, qui s’inquiète de tout et de rien. Lorsque les locaux sont arrivés avec leur leurre, celui par excellence, celui qui ne se vend pas au village mais à Ernaculam, ils n’ont pas eu de touche. L’eau était bien calme. J’ai quitté la jetée. J’essaie de nouveau demain.


J’ai eu bien du mal à m’endormir et à 4h, je faisais de l’insomnie en pensant à une nouvelle stratégie pour sortir le prochain de l’eau, si prochain il y a. À 67 ans, je ne pensais pas être encore si fragile à de telles excitations. 

dimanche 24 janvier 2016

Photo-cadeau: martin-chasseur de Smyrne


Spiritualité


Que dire de la foi des Indiens? Une foi renversante qui ne cesse de nous étonner. Toute la fin de semaine n'a été qu'une suite de cérémonies qui se sont terminée par une grande procession chrétienne. 

Dès samedi matin, une équipe efficace s’activait pour décorer la petite église près de chez nous. Une énorme génératrice fonctionnait à plein régime pour fournir de l’électricité supplémentaire et d’immenses hauts-parleurs ontcommencé la diffusion de chants et de prières. On devait les entendre à plus d’un kilomètre. Presque sans interruption, pendant les deux jours, alternés de feux d’artifice et de pétards. On a décoré les rues. Puis, dimanche matin, dès le début de la journée, les fidèles passaient, vêtus de leurs plus beaux vêtements : saris de toutes les couleurs, dothis empesés et repassés avec le plus grand soin, chemises du dimanche. Les petites filles nous criaient pour qu’on regarde leurs robes de princesses. Enfin, en après-midi,  après l'explosion de pétards aussi puissants que des bombes, la procession s'est mise en route. Devant, les petits tambours ouvraient la marche, suivis de la masse des fidèles parsemée d’ombrelles de couleurs, puis les enfants de choeur, grands garçons vêtus d'une tenue de cérémonie, et enfin le curé et la relique dans un camion qui diffusait aussi des chants.  

Cette procession a parcouru plusieurs kilomètres et le tout s’est terminé par une interminable messe. Je m'imaginais petit garçon, quand les messes de 30 minutes me faisaient souffrir. Ici, je serais mort d’ennui. La diffusion des sermons et des prières s’est étirée jusqu’à la nuit.


Comme je ne peux en afficher la vidéo qui est trop volumineuse, je vous offre un court moment des techniques de construction. Il s’agit du transport de la terre pour le terrassement d’une maison. C’est le même processus que celui employé pour faire les routes. Même genre de bac. Je me demande pourquoi, au Québec, il faut porter de lourdes bottes avec bout en acier.

Enfin, j’ai terminé ma journée en pêchant sur la plage. Un jeune homme m’a fourni les appâts et m’a expliqué comment attraper des barbottes. J’ai fini par en prendre une, à la nuit tombée, que je lui ai laissée avec plaisir. Il m’expliquait qu’il venait pêcher ce poisson pour sa femme enceinte parce qu’elle aime beaucoup manger de la barbotte. Céline, un peu en retrait, regardait la scène. Les spectateurs s’agglutinaient et ne cessaient de me prendre en photo. On commentait les petits coups que je donnais sur ma canne. On essayait de parfaire ses connaissances du touriste. En tout cas, on ne semblait pas en rire. Trop respectueux.

Je me suis bien amusé. Mon compère m’a fait promette de le retrouver mardi pm, vers 14h. Il aime, dit-il, pratiquer son anglais. Méchante pratique que celle de deux gars qui baragouinent l’anglais. Mais on se comprend très bien. Il me sert quelques mots de sa langue,  parfois intraduisibles, me dit-il, et ça fonctionne.


La langue parlée au Kérala n’est pas l’hindi. C’est un dialecte local employé par une toute petite partie de l’Inde. Il y a des centaines de langues comme celle-là en Inde, de sorte, que même si le gouvernement central tente de faire de l’hindi la langue officielle, les gens se parlent en anglais lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions.

jeudi 21 janvier 2016

Photo cadeau: Crabier de Gray


Problème de qualité!

Qu’en est-il de la canne à pêche que je me suis acheté?

C’est une canne extensible, qui fait pratiquement 12’, que le vendeur m’avait montré. Un beau moulinet. Solide. La canne solide, aussi. Nettement mieux que mon petit machin à 25$ chez Canadian Tire. Elle m’avait piqué au cœur et je me la suis offerte pour ma fête.

C’est en y installant un fil que j’ai commencé à déchanter. Lorsque je tirais dessus pour déclencher le mécanisme anti-rupture, celui-ci ne fonctionnait pas bien. Bien plus, le bras du moulinet, celui qui retenait l’anneau pour diriger le fil, se pliait de manière inquiétante. Pourtant, mon fil ne fait que 10lbs.  J’ai réussi à trouver un compromis, en espérant ne pas capturer un saumon de 15lbs. J’avais aussi un autre problème : la section terminale est trop molle. Elle n’offre pas de résistance. Le poids de mon leurre suffit à lui donner un 45°. Je ne sais pas ce qui se passera avec un poisson. Enfin, jusqu’ici, il n’y a pas de problème puisque le seul poisson que j’ai pris est une barbotte d’eau salée ou d’eau douce en eau salée, je n’ai pas tenté de solutionner le problème.

Sauf, que l’anneau terminal a perdu ce qui sur une autre canne est en céramique et sur celle-ci un plastique. Mon fil glisse donc sur du métal. Pas bon. Les anneaux ne sont pas assez grands. Mon fil fait des boules. Je dois le couper à tout moment. J’en ai de moins en moins. J’ai tenté, ce matin, de recoller l’anneau de plastique avec de la « Super-glue ». C’est notre « Crazy ». J’ai découvert que la partie métallique avait plié. Je ne sais trop comment. Je l’ai redressé à coup de tire-bouchon. La poignée du tire-bouchon, devrais-je dire. Puis j’ai appliqué de la colle qui ne voulait pas sécher. J’ai attendu longtemps. Longtemps. Patience et re-patience. Ça semble tenir. Bref, une belle imitation de qualité. En tout cas, ça donne des problèmes qui occupent.

Une qualité apparente. Nous avons cassé les deux verres (coupes pour le vin) qui venaient avec la maison. Casser des verres, pour nous, c’est presque un quotidien. Alors, nous avons voulu les remplacer. Pas facile. Le vin, ici, la plupart des gens ne connaissent pas. Finalement, nous avons trouvé 2 coupes à la Coop, les dernières, sur une tablette du haut, si haut qu’il fallait une chaise pour les atteindre, si poussiéreuse, que la jeune vendeuse a plus qu’insisté pour les nettoyer avant de nous laisser partir. Dessus, y’avait une étiquette Luminarc. Une verre d’une épaisseur qui devrait résister à nos habitudes.


Au fond, c’est une heureuse façon de se donner l’illusion d’une qualité égale. À petit prix? Pas sûr. Nos coupes nous ont coûté plus cher que chez Dollarama. 

lundi 18 janvier 2016

Photo-cadeau: Héron garde-boeuf (et son protégé)


Qu'est-ce qu'on mange?

Depuis notre mésaventure avec le poulet qui s’est perdu en trois jours, nous avons instinctivement opté pour une alimentation vegé. Notre frigo minuscule conserve une température peu contrôlée, surtout avec les pannes de courant quotidiennes. Nous achetons des œufs (de canard ce soir parce que plus d’œuf de poule), des fruits et des légumes en quantité quasi industrielle et du poisson à l’occasion. Que de travail pour éviter les odeurs de poisson et les bibittes. C’est pire que d’avoir un jeune allergique à la maison.


Et nous nous adaptons. Ainsi, ce soir, j’ai fait des chapattis, Céline a préparé un Paneer (fromage) aux tomates et nous avons fait griller du poisson frais. Des poissons que je n’avais jamais vus. Enfin, c’étaient des poissons puisqu’ils avaient la forme générique des poissons : la gueule plus longue ou le dos style aquarium, mais comestible tout de même. Au dessert, on s’était préparé des morceaux d’ananas frais saupoudrés de lait de coco en poudre et de jus de lime. Bref, un vrai repas de restau. C’est comme ça chaque soir : il n’y a que notre imagination qui limite nos combinaisons.  

samedi 16 janvier 2016

Photo-cadeau: Grande Aigrette blanche


Ailleurs

Dans la catégorie faire les choses autrement, j’aurais beaucoup à dire. Tiens, juste là, pendant que j’écris, j’entends la domestique de l’hôtel qui balaie la cour. On fait ça chez nous aussi, me direz-vous. Bien sûr. Mais cette cour, elle n’est ni en ciment, ni en asphalte, ni en pavés, elle est en terre et en sable. Cette femme balaie presque un acre de terrain, pliée en deux sur son petit balai court, et elle accumule les déchets en tas, dont ces feuilles d’arbres aux feuilles persistantes qui tombent à l’année. Elle en fera un brasier un jour, quand le tas sera assez gros, j’imagine. De la pelouse? C’est si rare que lorsqu’on en voit dans la cour d’un hôtel pour touriste, on s’arrête pour vérifier qu’on n’a pas la berlue. Des râteaux à feuille? Bien sûr que ça existe. J’en ai vu un hier, mon premier en 6 mois alors que je revenais de la pêche à vélo. Juste avant, j’avais vu un gars assis sur les talons, qui consultait son journal étalé par terre sur la petite rue. Un copain se tenait debout près de lui et une femme se brossait les dents avec le doigt à sa gauche. En le croisant, j’ai constaté qu’il vérifiait les numéros de ses billets de loto. Comme chez nous!

En après-midi, nous avons été faire de l’observation et de la photo d’oiseaux. Un nouveau plaisir avec mon nouvel appareil, pas plus gros que mon portefeuille, qui avec son zoom 20X, permet de voir les couleurs, les formes et parfois même la disposition des plumes d’oiseaux que l’on distingue vaguement. Son stabilisateur d’image protège du flou qui serait inévitable avec un tel grossissement sans trépied. L’oiseau est dans l’arbre et on ne le repère plus: on photographie l’arbre et on agrandit ensuite pour le dénicher, souvent avec suffisamment de détails pour l’identifier. Comment Nikon a-t-il pu organiser un tel jeu de lentilles dans un appareil si plat, des lentilles qui permettent aussi de faire de la macro à 1cm, si précise qu’elle permet de voir les pattes de fourmis de 3mm en mouvement? Incroyable! Je m’en suis servi comme loupe pour déloger une écharde que je ne réussissais pas à voir.

Bref, nous revenions comblés, avec au moins 3 nouvelles espèces numérisées (autrefois j’aurais dit sur pellicule), lorsque nous avons rencontré l’équipe qui répare les nids-de-poules (souvent d’autruche) et l’asphalte brisé. En fait, je crois qu’on préparait la route pour recevoir un nouvel asphaltage.  D’abord, on abaisse avec une bêche ce qui pourrait dépasser la zone asphaltée. Ensuite, on balaie (avec le même petit balai court dont je parlais au début) toute la partie de route à traiter. On enlève toute la terre meuble et la poussière. Après cette opération, quelqu’un étend du goudron fondu dans la bouilloire le long du chemin. Il le transporte dans des chaudières métalliques et le déverse méthodiquement. On dépose du gravier sur ce goudron : plus gros au fond des creux, plus petits en surface. Ce gravier est apporté dans de petits paniers que les gens remplissent à la main et transportent sur leur tête. L’équivalent d’une bonne pelletée à chaque fois. Il est soigneusement déposé sur le goudron. On ajoute du goudron au besoin. On passe ensuite un rouleau compresseur: mécanique celui-là. Les employés : hommes ou femmes, de tous les âges, habillés de pantalons, de robes ou de dhotis, se protègent parfois de la poussière en s’enroulant un foulard autour de la tête. Efficacité de l’équipe : des centaines de mètres chaque jour, d’une qualité exceptionnelle. C’est comme sculpter une route à la main. Et ça donne de l’emploi.

vendredi 15 janvier 2016

Un peu plus vieux

Les anniversaires de naissance sont moins festifs depuis que j’ai franchi la soixantaine. On reçoit avec plaisir les vœux de nos proches et les manifestations de leur amour à notre égard, mais il n’y a pas de quoi être heureux de vieillir quand on aime la vie et qu’on la saisit chaque jour à plein cœur.

Hier, j’ai commencé à perdre des morceaux de mon vélo. Nous allions bon train, sur une route défoncée, comme c’est souvent le cas hors des grandes artères, lorsque je me suis aperçu que j’avais perdu un frein. Le patin droit du frein avant.

Je suis retourné sur mes pas et je l’ai retrouvé sur l’asphalte, puis j’ai retrouvé un écrou, qui ne semblait pas le sien, mais qui faisait le boulot. J’ai vissé à la main en attendant de revoir notre réparateur, en ville : quelques roupies pour remettre les freins de nos deux vélos en état. Je me disais que ma bécane avait du jeu dans toutes ses articulations. Il y a quelques jours, j’avais solidifié le panier avec deux tie-wrap. Le réparateur n’en finissait pas de resserrer des écrous. Un combat pour prolonger la vie utile. C’est une forme du vieillissement.

L’autre forme, je l’ai vécue ce matin, en allant pêcher au bout du quai. Chaque odeur, chaque activité humaine, chaque bruit, chaque chant d’oiseau, toutes les couleurs et les formes se complétaient et s’organisaient pour la beauté du monde. J’en étais l’acteur et le témoin, indissociable du vivant qui m’anime. J’en profite avec une conscience accrue, aigue, sensible et ouverte.

À défaut d’avoir un bon terrain de jeu pour la photographie, je m’amuse à faire de petits dessins. Voici mon dernier, un digne représentant de l’Asie.


jeudi 14 janvier 2016

Les pêcheurs

Je parlais des pêcheurs. Nous sommes vraiment dans un village où la pêche est l’économie principale. On mange peut-être des poissons d’ici au Canada? Va savoir. J’ai toutefois une belle image de l’un de leurs bateaux traditionnels. Il y a toujours autant de pêcheurs à bord. Un bateau fait donc vivre de nombreuses familles. L’art de donner de l’emploi.

mardi 12 janvier 2016

Aigrette garzette ou petite aigrette


http://www.oiseaux.net/oiseaux/aigrette.garzette.html

Milan sacré


Photo prise pendant notre balade à vélo hier. N'hésitez pas à agrandir pour voir le détail des plumes.

http://www.oiseaux.net/oiseaux/milan.sacre.html

Jour de Marché

Avec notre minuscule frigo, nous devons faire notre épicerie aux deux jours. À peu près. À vélo, il va sans dire. Le matin de préférence, pour éviter la grande chaleur. Les premiers kilomètres sont tranquilles, puis le passage en ville se fait dans un dangereux traffic, si difficile à négocier que Céline a abandonné l’idée de louer des motos. Elle bloquerait sur le coin de la rue dès la première intersection sans feux de signalisation. Elle deviendrait un danger pour elle-même et pour les autres, affirme-t-elle. J’avoue que je ne l’encourage pas à changer d’idée. Je doute de ma capacité à suivre le rythme. Hier encore, à vélo, je suis passé à deux doigts de rentrer dans l’arrière d’une Tata Nano (conduite par un tata nono) qui m’a soudainement coupé avant de freiner aussitôt. Nous avons vu passer une auto qui donnait des cours de conduite, la semaine dernière. Nous avons bien rigolé et nous demandant quelle règle (au singulier) on y enseignait. Enfin, tout cela pour dire que la moindre inattention peut vous faire heurter une personne qui a décidé de traverser, ou percuter l’arrière d’un véhicule qui a décidé de freiner ou rentrer de plein front dans un tuk-tuk qui double malgré que vous êtes en train de rencontrer un autobus. Pourtant, si vous êtes un chien ou une poule au milieu de la rue, on ne vous écrasera pas. Probablement.
La route est jolie. Le bord de mer s’est beaucoup transformé au cours de la dernière année. On ne le reconnaît presque plus. Les touristes arrivent. Il y en a beaucoup plus. Des hôtels aussi. Chaque citoyen modifie sa maison pour en faire un Home Stay. Les vendeurs de bêtises s’installent, comme ce nouveau kiosque de coquillages, les mêmes qu’en Floride, (certainement made in China) puisqu’il n’y a pas de coquillages sur cette plage. Peut-être en plastique. C’est un signe. Bienvenus, touristes, qui se permettent de circuler presque nus, grosses bedaines pendantes, bikinis minuscules, pantalons moulants comme une peinture sur la nudité. Le choc culturel. Les Indiens ne seront plus les mêmes.


 Nous commençons par la Coop (un supermarket avec trois rangées de présentoirs), le kiosque de fruits et de légumes, qui vend aussi les œufs, celui des poissons, à l’occasion le débit de boisson, au bout d’une ruelle sans pavé et sans issue, et nous revenons. Simple. On achète des œufs à l’unité ( emballés dans une feuille de papier journal ficelés avec une corde - faut le faire) pour les protéines, des patates, du yam, des carottes, de l’oignon rouge (il n’y en a pas d’autres), des oranges, des tomates italiennes (pas d’autres non plus), de l’ail, du gingembre, des concombres, des bananes, des ananas, des grenades, des noix de coco, des « drumsticks », et d’autres légumes que nous découvrons peu à peu et dont nous ne connaissons pas les noms. En général, un grand sac de fruits et légumes mélangés nous coûte environ 4$. C’est à peu près 0,65$ du kilo. Au supermarché, Céline a décidé que nous dégusterons à tour de rôle la vingtaine de sortes de riz offerts. Nous avons commencé avec les grains les plus longs et nous passerons bientôt à des riz colorés. Nous faisons des légumineuses pour les protéines aussi, avec curry, curcuma et cumin.
Nous n’avons mangé que deux repas de viande depuis notre départ et nous avons épuisé notre café canadien. Désormais, nous boirons notre Nescafé en poudre avec du lait en poudre. Pour avoir du lait, il faut attendre le jeune homme en moto (laitier des temps modernes) qui passe avec un bidon comme celui que nous utilisions dans nos campagnes attaché sur sa selle, derrière lui. Les femmes et les enfants se tiennent sur le bord de la rue, l’arrêtent et lui achètent le contenu d’une tasse ou d’un pichet. Nous n’avons pas osé goûter au lait cru… même si ça me chatouille les papilles.

Hier, on en avait assez du riz. Comme il n’y a pas de nouilles type spaghetti, on s’est fait nos propres nouilles aux œufs (à l’ancienne, coupées au couteau) et une sauce tomate du tonnerre : spaghetti total maison. Un délice. On devrait breveter pour l’Inde. Faudrait tester si les Indiens aiment ce goût et cette texture.




vendredi 8 janvier 2016

Pas d’activité au bout de la jetée? Pas sûr.

J’ai corrigé mon texte précédent : il ne s’agissait pas de yucca, mais de yam. Pour ma défense, les deux commencent par un y.

Hier, je me suis ridiculisé. J’avais fait preuve de sagesse, mais il faut croire que ce n’est pas un gage de bon sens. 

Les pêcheurs d’ici, du moins ceux que je rencontre quotidiennement au bout de la jetée, m’avaient expliqué qu’il fallait pêcher le soir et à marée haute pour augmenter les chances de capturer un saumon. La marée haute ne sera pas propice avant 2 semaines, mais le soir est là tous les jours. Je leur avais montré mes leurres en demandant conseil. Ils s’étaient montrés très impressionnés par mon préféré – le pêcheur est aussi un peu poisson – celui qui m’avait permis de capturer mes bars rayés l’été dernier : un morceau de métal peint en blanc, imitant un petit poisson. J’avais noté une lumière dans leurs yeux m’indiquant qu’ils me trouvaient privilégié de posséder un tel engin.

Je me dois de signaler, ici, que peu importe ce qu’un touriste fait, en Inde, il y a toujours quelqu’un qui l’observe. On devient un représentant d’une catégorie d’humain et on se doit d’agir dignement. Du moins, c’est mon point de vue et j’espère que la majorité des touristes font de même.

Je me suis donc présenté sur la jetée en vélo (un touriste à vélo fait déjà son effet), j’ai traversé l’enchevêtrement des énormes pièces de béton qui la composent en prenant bien garde de ne pas perdre l’équilibre, me suis installé en ligne avec les pêcheurs du coin et j’ai commencé à lancer mon petit poisson plombé. Il est lourd. Il est si bien balancé qu’il tombe plus loin que tous les autres. Il va si loin, parfois, qu’on ne le voit pas toucher l’eau. Surtout dans les reflets du soleil couchant, juste devant moi.

Comme d’habitude, trois ou quatre gars se sont installés à quelques mètres pour m’observer. Fixement. Pour ne rien manquer. Ostensiblement. Avec un sourire lumineux chaque fois que je croisais leur regard. Des gens amicaux qui veulent simplement comprendre comment fonctionne ce touriste. Qui vous saluent. Qui vous demandent votre nom, votre âge, d’où vous venez. « Where you from? » que je demande à Céline pour lui arracher un sourire.

Donc, debout sur les pièces de béton de la jetée, je lance ma ligne à l’eau et je la ramène par à-coup, en mimant un poisson blessé. Je m’applique dans mes gestes, pour montrer que je sais pêcher. Que j’ai une réelle expertise. Devant nous, les bateaux rentrent au port après une journée de pêche en mer. Les filets sont empilés derrière, les gars, souvent 10 ou 12 dans de gros canots aux proues pointues et retroussées pour affronter les vagues,  tractés par deux gros moteurs hors-bords accrochés sur le côté. Ils me saluent en passant, amusés de découvrir ce touriste aux côtés de leurs amis. Ce sont forces gesticulations de bras, cris, sourires, grands saluts, rigolades. Je leur réponds gentiment d’un mouvement du bras. J’en étais là, bercé par la beauté de ces navires qui revenaient au port, gros, petits, parfois juste des pirogues ballotées par la houle, un peu aveuglé par le gros soleil qui descendait sur l’eau rose, moment magique jusqu’à ce que mon leurre se coince entre deux blocs de béton et que mon fil se rompe. Un simple moment d’inattention et je venais de rompre la perfection du moment. Je me donnais contenance, à la fois gêné de ma maladresse et démoralisé d’avoir perdu le seul exemplaire de mon leurre irremplaçable. Du moins en Inde. Un autre pêcheur, probablement pris de pitié, est venu me conseiller sur le leurre de remplacement : pas trop gros, me suggère-t-il si je ne voulais pas rompre ma canne à pêche qu’il trouvait trop fragile. Je lui ai fait remarquer que j’en avais une meilleure chez moi. « Quelle marque? » m’a-t-il demandé. Je n’ai pas pu lui répondre. Je sentais que je m’enfonçais. Je me suis contenté de le remercier de ses conseils.   

Je me remets donc au lancer. Les bateaux passent tout près. Ils vont plus vite que je ne l’estimais et quelques minutes plus tard, mon petit machin avec un hameçon accroche une énorme pirogue. Voilà mon fil qui se dévide du moulinet en sifflant. Il teste 25 livres et il est fin comme du fil à coudre no 10- nouvelle technologie que j’ai payé une fortune. Impossible de le retenir de la main : il me trancherait un doigt en quelques secondes. Je me dis que je vais perdre tout le contenu de mon moulinet. Un gars dans le bateau comprend ce qui se passe. Il crie à son collègue aux moteurs. On met ce gros bateau en panne pour sauver l’équipement du touriste épais. Les gars à bord se montrent désolés. Mon fil se rompt enfin et je récupère ce qu’il en reste. Je suis terriblement gêné. Je viens de donner un spectacle délirant. Personne ne rit. Trop gentils. Du moins, pas ostensiblement. Politesse naturelle? Un pêcheur vient me faire une petite jasette pour m’expliquer qu’il n’y a pas d’activité, (en parlant des poissons, assurément) ce soir, parce que la marée est trop basse. Je confirme pour les poissons, mais question d’activité,  je ne suis pas d’accord. Il y en a eu trop.

Aujourd’hui, j’ai passé des heures à chercher un endroit pour acheter des leurres : sans succès. À suivre. De toute façon, la marée haute au coucher du soleil ne se produira pas avant le 17. J’ai du temps devant moi.

Assis sur le perron de notre porte, j’écoute les oiseaux et j’en capte un, de temps à autre, qui arbore de nouvelles couleurs. Mon dernier avait le dos orange et une longue queue : Témia vagabonde (Rufous treepie ou Indian treepie)


La vie est belle et le bonheur est partout. On dit, ici, que le vivant, c’est Dieu. Pourquoi pas?  

lundi 4 janvier 2016

Une journée comme les autres

Nous sommes maintenant bien installés dans notre maison. Grande et confortable. Deux chambres à coucher, matelas moelleux, tapis de sol pour notre conditionnement physique, etc.

Ce matin, j’ai été pêcher à vélo jusqu’au quai municipal pendant que Céline se mettait à la recherche d’un prof de yoga. Tout au bout de la jetée, au confluent de la rivière à saumon, les dauphins s’amusaient à se gaver de jolis poissons sous mon nez pendant que je trempais une ligne à l’eau sans la moindre morsure. L’un d’entre eux a poussé l’insulte jusqu’à lancer une jolie proie argentée en l’air avant de la rattraper au vol. Les poissons devaient être en état de panique. On m’a dit que les saumons arriveraient bientôt. Ce serait trop amusant. Un pêcheur du coin s’est vanté d’en avoir pris un de 5 kilos. Histoire de pêcheur? On verra.

Vers 11h, Céline m’a rejoint sur son propre vélo. Nous sommes revenus par la petite rue intérieure, large comme une auto. Achat de yam et d’autres légumes inconnus. Le vendeur nous suggérait toujours la même façon d’apprêter : tu coupes en petites tranches et tu fais frire. On ira doucement. L’an dernier, un légume à l’amertume plus profonde que  le Campari nous avait saboté un repas au complet. Cette fois-ci, on fera des tests avant toute combinaison alimentaire.

En passant devant l’élevage de poulet, on a fait un achat. Le garçon l’a égorgé sous nos yeux, dépiauté, vidé et débité en quelques minutes. Pas de gras, dans cette bête, que des muscles et des os. Frit, c’est plus coriace que du carton… avec un goût similaire. On fera bouillir la prochaine fois. Quelques heures, j’imagine, bien assaisonnée, aussi.

À l’arrivée, je suis allé me baigner dans la mer d’Arabie, me rafraîchir (on essaie de s’habiller le plus léger possible tout en demeurant convenable) un peu, nager quelques mètres, en évitant de trop penser à ce qui se passe actuellement en Arabie Saoudite, juste en face, de l’autre côté de ce bel océan, pendant que Céline faisait ses exercices. À mon retour, je l’ai remplacée sur le tapis de sol. Et nous avons préparé un souper à base de riz, cela va de soi.

Nous avons encore sommeil à 14h et je suis réveillé à 2h. Céline tient le coup jusqu’au matin, je me prolonge avec un petit somnifère que m’a prescrit mon médecin avant de partir. Peu efficace, mais je gagne 2 ou 3 heures supplémentaires. Nous avons fait la guérilla aux maringouins : de grosses bêtes molles, sans le tonus des nôtres, mais diablement efficaces. Je trouve que nos deux lézards de maison ne font pas un très bon boulot. Ils devraient inviter le reste de leur famille.

La nuit tombe à 18h30. Nous tentons de demeurer éveillé le plus longtemps possible.  Encore pénible, mais ça va un peu mieux chaque jour.


Dodo sous le ventilateur. De l’air clim, c’est quoi, encore?