vendredi 26 février 2016

Tremblement de terre

Les rues étroites, les briques presque sans mortier ou évidées de mortier nous font comprendre à quel point un tremblement de terre ici peut être terrifiant.


Le mythe

Katmandou! Nous étions adolescents que nous en rêvions. Mythe si lointain, que nous ne pensions pas l’atteindre. Jamais!

Lorsque, tout au long des années soixante, nous entendions parler de Katmandou, nous ne savions pas qu’il n’y avait qu’un ensemble de villages, dans cette vallée. Par contre, nous nous doutions bien qu’on pouvait y consommer pot et hasch à volonté. En 1974, on a fait des lois pour régler le problème de la drogue et les habitants des villages ont commencé à essaimer pour former la ville actuelle. Une grande ville mal foutue où la pollution est si importante qu’environ 15% des gens qu’on y rencontre portent des masques pour se protéger de la poussière soulevée par les véhicules (motos surtout, parce que certaines rues sont tellement détériorées que les autos peinent à y circuler), si omniprésente que les commerçants doivent essuyer les produits avant de les vendre. Je ne voulais pas acheter la première bière que j’y ai vu, croyant qu’elle datait de quelques années. Lorsque j’ai vu une même bouteille toute poussiéreuse au frigo, j’ai constaté que tout, dans l’épicerie, était uniformément couvert de poussière. Ajoutez à cela les gaz d’échappement, plus quelques usines, et le mélange devient parfait pour vous embarrasser les poumons en peu de temps. Avant les années 90, nous dit-on, on voyait plusieurs sommets de l’Himalaya à partir de la ville. Maintenant, avec la pollution, ça n’arrive pratiquement jamais.    

Notre passage à l’aéroport s’est terminé après un délestage de 202$ US. Coût du visa. Pas chanceux avec la valeur actuelle du dollar canadien. Taxi jusqu’à notre hôtel. Rien de beau, ni d’intéressant sur la route. Une ville grise et brune au plafond bas, une circulation digne des rues indiennes, des maisons sales, quelques murets éventrés par le tremblement de terre de l’an dernier, de la pauvreté, des kiosques de rue sombres, des passants masqués ou sans le moindre sourire. Je me trouvais négatif. J’ai attribué ma perception à mon état de fatigue : nous n’avions dormi que 2 ou 3 heures pendant les 36 dernières heures.

En effet, notre passage à l’aéroport de Delhi nous a épuisés. Arrivés vers 20h, notre avion ne repartait que le lendemain 8h. En fait, avec les retards accumulés pour cause de température au Népal, il est reparti à 10h 30. Pendant tout ce temps nous avons été confinés dans LA zone de transit : des chaises droites en rangées, 4 chaises longues et un sol en terrazzo. Les personnes présentes (une bonne centaine), somnolaient, assises ou couchées par terre où sur des chaises. Céline, dans un moment de panique, j’imagine, alors que le plancher de pierre s’imposait peu à peu comme la seule solution à notre fatigue, s’est d’abord employée à nous trouver un hôtel pour la nuit et, devant son insuccès, s’est livrée à une opération charme pour réserver 2 des chaises longues occupées par une famille indienne de Toronto. Même pays ; un peu amis. Ses sourires, ses rires et ses blagues ont gagné les cœurs. J’ai collaboré en poussant nos bagages pour nous rapprocher à mesure que des chaises se libéraient à proximité. Les Torontois nous ont cédé leurs chaises un peu plus tôt qu’ils auraient peut-être voulu sans notre étouffement.

Ici à Katmandou, notre chambre est petite et froide. Il n’y a que quelques heures d’électricité par jour. Le reste du temps, des batteries fournissent un minimum d’éclairage. La température extérieure chute brusquement chaque nuit et nos fenêtres ne se ferment pas complètement.  L’eau chaude provient de tuyaux noirs sur la toiture. Il faut donc être stratégique pour se doucher à l’eau tiède. Le cuisinier est un garçon de 16 ans, sorti d’un village et amené en ville pour lui permettre d’être nourri et logé tout en recevant un petit revenu mensuel. Il couche par terre dans la cuisine.

Nous nous sommes promenés dans la ville. Notre première impression s’est confirmée : il n’y a pas de couleur : qu’une poussière insupportable qui recouvre tout, même les chiens errants. Après des kilomètres de marche à travers des monuments endommagés ou détruit par le tremblement de terre et des édifices étançonnés pour éviter un effondrement fatal, nous nous sommes retrouvés sur la Freak Street, jolie rue, celle-là, où se trouvent Penny Lane Café (le titre d’une chanson des Beatles) et Snowman Café (chanson « Katmandou » de Cat Stevens). Nous avons retrouvé là un reste de lumière d’une époque passée. Une belle rue dallée qui s’est prolongée par une rue marchande normale. Une rue pour les népalais, bordée de magasins qui offrent des produits de qualités. Je dis une rue normale, parce qu’il existe un grand quartier pour touriste, où les népalais nous envoient pour nos moindres besoins, où se situent la plupart des hôtels, où les prix sont le double des prix normaux et où les restaurants ne servent que de la nourriture italienne, américaine, française, etc. Nous n’avons pas encore trouvé de restaurant pour les népalais qui nous semblent suffisamment correct pour y manger. Nous nous sommes rabattus sur des soupes en sachets et sur des momos, petites bouchées de viandes ou de légumes enrobées de pâtes et cuites à la vapeur. Plus souvent délicieuses qu’autrement.
 
La vie ici nous semble dure. Les gens sourient peu et ne nous saluent pas. Une moto m’a heurté le bras au passage. Avec le guidon. Le conducteur n’a même pas ralenti. Les motos circulent à bonne vitesse à travers les gens et ils ont la priorité. Il fait sombre dans les maisons et dans les magasins. Dehors, c’est pollué.

Faut dire, que nous débarquons du Kérala, qui est, parmi toutes régions que nous avons visitées, celle où la vie est la plus douce. Le choc que nous ressentons est donc plus brutal et s’atténuera probablement au fur et à mesure de notre adaptation.


Nous partons lundi pour une autre région. Nous espérons qu’un charme s’opérera. Peut-être la vue lointaine de l’Annapurna saura égayer nos journées.


jeudi 18 février 2016

Dans ces vignobles, on produit du "vin" sans alcool.


Un pays pas comme les autres

Malgré six mois en Inde, une aisance acquise avec la nourriture, les coutumes et les comportements, il arrive toujours un moment où nous sommes pris par surprise. On dirait qu’on ne peut pas se mettre en tête que ce pays est un amalgame de dizaines de langues, de cultures et d’habillements. Ainsi, le mois dernier avons-nous été ébahis de voir monter dans l’autobus, un groupe culturel habillé comme des romanichels, les hommes avec des chemises voyantes, les cheveux frisés, les femmes portant des jupes découvrant une partie du ventre, justaucorps cintrés, colliers, pendentifs, boucles d’oreille. Toutes les femmes parlaient beaucoup, très fort, avec des voix de basse accentuées. Il s’agissait d’un peuple plus au nord, nous a-t-on dit. Ils étaient d’une beauté saisissante.

Pour l’heure, nous sommes installés à Kumily pour quelques jours, une ville posée sur la frontière du Kerala et du Tamil Nadu. En pleine rue principale, une barrière marque la séparation entre les deux États. C’est une barrière on ne peut plus sommaire, mais néanmoins gardée par des hommes en uniforme, qui semblent se contenter de regarder passer les autos toute la journée.
Kumily est une ville touristique, située à la limite d’un parc national dans lequel, dit-on, circulent tigres, éléphants, etc. Toutefois, depuis que deux touristes se sont fait piétiner par un éléphant l’an dernier, il semble que les guides sont soudainement devenus incapables d’en voir. Ils évitent d’y amener les touristes. Ce qui n’empêche pas l’organisation de safaris ou autres promenades guidées, coûteuses, à pieds ou en jeep, pour quelques heures ou quelques jours. Nous avons expérimenté les safaris indiens l’an dernier, qui nous ont permis de voir un tigre en liberté : la jeep avait reculé juste au côté de la bête couchée pour nous permettre de la photographier derrière des barreaux. Une fois suffit. L’autre fois, à pieds dans un parc à tigres, au nord, nous n’avons vu, comme plantes et animaux, que des bambous et un cheval. Donc, cette fois-ci, nous nous contenterons de nous promener autour du lac ou dans le refuge d’oiseaux. Si c’est possible sans guide et sans être inclus dans un groupe.

Aujourd’hui, nous avons gravi un promontoire : une centaine de mètres sur 2,5km. Un exercice excellent pour la santé. Les jeeps louées par les touristes nous dépassaient, tant en montant qu’en descendant. Ils arrivaient au sommet, les conducteurs laissaient tourner le moteur pendant que les clients se photographiaient, puis remontaient à bord pour redescendre. Un peu tristounet. Le point de vue était joli, le promontoire bien situé, surmonté d’une croix, un peu trop de brume, comme toujours dans les  paysages indiens.

Céline a cassé en deux la monture de ses lunettes. Il y a de cela deux semaines, juste comme ça, en les essuyant. Un défaut de fabrication. Made in China, je suppose. Nous l’avons collée à la « superglue » et ça a tenu quelques jours. Puis, crack. Foutu. Aujourd’hui, nous avons eu une illumination (ça arrive en Inde) et nous avons consulté un optométriste. Il a simplement transféré les vitres dans une nouvelle monture. Un travail de 5 minutes, un coût de presque rien et des lunettes neuves. Vive l’Inde et ses solutions si simples, pour presque tout.

Autre surprise : un magasin pas comme les autres, sur la rue, comme ça, au côté d’une boutique de vêtements. Je me contente de mettre la photo. On se serait cru dans un album de Lucky Luke.



 

lundi 15 février 2016

Peut-être ma meilleure photo


Au pays des épices.

On se croirait sur les traces de Marco Polo. Tout en approchant de ce petit coin de pays, dans notre confortable taxi, les gens faisaient sécher leur thé ou leur cardamome le long de la route, sur de grandes bâches en plastique bleue. Une route digne d’un circuit cycliste, en côtes et en zigzags, sur une route de la largeur d’une piste cyclable.  Au lieu d’un tour de l’Indre, nous aurions un tour de l’Inde. Beau changement. Faudrait juste faire attention aux animaux de toutes sortes qui circulent ou dorment sur  la route. En auto, lorsqu’on atteint 70km heure, on a l’impression de rouler à 130. On double alors partout, dans les virages comme dans les côtes. Enfin, on est arrivé en parfait état. Quand je disais que les routes de l’Inde sont sécuritaires!

Finalement, nous sommes à Ramakkalmedu, une petite agglomération située près de l’immense dénivellation de 500 mètres qui parcourt une bonne partie de l’Inde, du nord au sud. C’est un coin oublié du Lonely Planet et de la plupart des Guides de voyage. Notre « Home stay », le Wind Valley, se trouve à moins d’un kilomètre d’un point de vue époustouflant. On a l’impression d’être en avion. Des dizaines d’agglomérations blanches couvrent une partie de la grande plaine, des dizaines d’éoliennes, comme de grandes plantations, et tout un territoire divisé en champs colorés. Léonardo de Caprio qui a passé dans la région a dit que s’il existe un paradis terrestre quelque part sur la planète, c’est ici qu’il se trouve. Nous pourrions donner plusieurs autres endroits paradisiaques, celui-ci en serait un, en tenant compte, bien sûr, de la saison pendant laquelle on y habite. Quand je vois de magnifiques maisons, chez nous, perchées sur un promontoire, désirables, je me dis toujours : « Oui, mais l’hiver ? ». Ici, on se dit : « Oui, mais pendant la mousson ? »

Le garçon du propriétaire nous a fait visiter son jardin d’épices et de fruits de 2 âcres. On y retrouve de tout : jacquiers, manguiers, bananiers, poivriers, papayers, cardamomes, jalapenos, cocotiers, caféiers, cacaos, orangers, citronniers, et plein d’autres arbres à fruits ou à épices, ou à produits médicinaux, en feuilles (menthes, sauges, etc) ou en graines dont je ne peux me souvenir. Une féérie.

Demain, nous irons voir un rocher en forme de tortue : une belle destination pour une promenade de quelques kilomètres.
 
Alors que nous projetons un autre pays pour l’an prochain, en revenant au « Home stay » cet après-midi, j’avais de la difficulté à m’imaginer ne pas revenir ici dans les prochaines années. Le garçon qui a étudié en informatique m’a amélioré le fonctionnement de mon ordinateur, il nous a apporté des bananes avant notre promenade, un thé chai au retour, et j’en passe. Des gens totalement attentionnés à nos besoins et à nos états d’âme. On nous salue sur la rue. On nous sourit. On nous accepte. On veut nous connaître. On les adore.

 

Note : le théier est une plante grimpante.




vendredi 12 février 2016

Il est où, le danger?

Finalement, j’ai franchi la porte du barbier, de l’autre côté de la rue, juste en face de notre hôtel. De fait, elle est toujours ouverte. Lui, il ne parle pas un mot d’anglais. Je l’ai salué d’un petit coup de tête sur le côté (je me pratique à faire comme les Indiens) et je lui ai fait un signe au-dessus des oreilles. Impossible de lui donner plus de détails. Il m’a fait asseoir sur sa vielle chaise en cuir craquelée. La seule libre de produits. Devant moi, le comptoir débordait de toutes sortes de choses et en-dessous, je pouvais voir les cheveux résultants d’un bon mois de coupe. Tout noir. Les miens sont blonds, ou plutôt portent encore des nuances de blond dans le gris qui peu à peu prédomine. C’est mon point de vue.

Il m’a mis une cape autour du cou, comme chez nous, l’a attachée bien serrée, a farfouillé dans une boîte sur le comptoir et en a sorti une paire de ciseaux qui avaient du « lousse », comme on dit chez nous. Je me suis dit, comme ça, que ça tirerait dans les coins. Il a pris son vieux peigne rouge, j’ai fermé les yeux, craintif, et en deux-trois coups indolore, j’avais un tel dégradé sur le côté droit que je ne pouvais plus sortir, malgré la frousse qui m’habitait. Devant moi, je regardais son système de son, celui que j’entends toute la journée de ma chambre : un truc antique avec deux haut-parleurs énormes, au moins quinze pouces, heureusement silencieux. Il me plaçait la tête avec autorité et coupait, coupait. Je me disais qu’heureusement, ça repousserait avant mon retour. Mais finalement, l’opération s’est terminée avec une bonne coupe. Un peu courte, peut-être, mais rafraîchissante. De la peur pour rien. Lorsque je lui ai fait signe que je voulais le payer, il m’a tout simplement demandé de sortir de l’argent. Je lui ai donné 200 roupies, m’attendant à un peu plus. Il m’en a remis 100 et a commencé à sortir du change pour les 100 qui restaient. Je lui ai fait signe de garder le 100 roupies : ça m’a fait une coupe pour un peu plus de 2$. À moins, j’aurais été honteux. Lui, me remerciait du pourboire.

Nous sommes partis à travers les pentes couvertes de thé. Tellement magnifique. Les femmes qui revenaient de la cueillette et faisaient peser leur travail, toutes vêtues d’un long tablier en toile pour se protéger, les camps pour loger les travailleurs et leurs enfants, les tracteurs tirant des remorques remplies de feuilles fraîches, l’usine de Tata, et enfin, un magasin rempli de produits. J’ai appris que pour 7 heures de cueillette au soleil, on gagne environ 280 roupies. On travaille 6 jours sur sept et on habite dans des maisons de la compagnie. Logement gratuit et école gratuite sur place pour les enfants.

Les plantations de thé sont clôturées à l’aide de poteaux découpés dans le granit. On y ajoute souvent des haies très denses, pour décourager les balades d’éléphants, j’imagine. Se promener dans ces plantations, c’est comme vivre dans un immense jardin. Quelques photos suffiront à vous faire vivre un peu notre journée. Sur le chemin du retour, Céline avait une bonne avance sur moi qui traînait en surveillant les oiseaux, lorsque soudainement je la vois qui m’attend. Pour boire une gorgée d’eau dit-elle. Je remarque, un peu plus loin, une vache aux longues cornes pointues, couchée en plein milieu du passage. Elle rumine doucement.  Après les pancartes indiquant les passages d’éléphants, nous voilà devant une obstruction majeure. Je lui ai passé sous le nez sans qu’elle ne bronche d’un iota et Céline m’a suivi sans plus de problème. Nous ne pouvions nous empêcher de penser à la vache qui m’a agressé l’an dernier à Jaisalmer.


Demain, nous partons. Plutôt que de transférer dans trois autobus différents, plus une jeep et un tuk-tuk, nous avons décidé de louer un taxi. Rien pour nous ruiner : environ 40$ pour une soixantaine de kilomètres. Combien plus confortable.



Elle aussi, me semble en réparation!


mercredi 10 février 2016

Photo-cadeau: Graphium sarpedon


Finalement, faut se méfier des éléphants...

Ce matin, alors que nous partions en balade, notre hôtelier nous mettait en garde contre les éléphants. Nous allions au lac, à quelques kilomètres d’ici, et je me promettais de prolonger un peu notre promenade en parcourant un petit sentier qui contourne l’étendue d’eau jusque sur une montagne. Non (ou plutôt "no"), nous disait-il, trop dangereux. Nous pouvions aller au lac, mais pas plus loin. Retour immédiat. Les éléphants sauvages sont nombreux et dangereux, affirmait-il,  particulièrement s’ils sont solitaires. Des rejetés aigris. Il y mettait beaucoup de sérieux. En cours de route, nous avons revérifié cette information après d’un restaurateur qui nous a confirmé qu’il y a effectivement beaucoup  d’éléphants sauvages, mais qu’ils sont plus loin. La zone sécuritaire de notre hôtelier était un peu exagérée. On a compris qu’il voulait garder ses clients en santé. Faut éviter la mauvaise publicité.

Nous avons toutefois respecté ses injonctions en nous disant qu’il est plus difficile d’effrayer un éléphant en faisant bouh! qu’un chevreuil, par exemple  De plus, Céline nous a relevé une autre considération dissuasive, sur le web, en notant que de nombreuses personnes meurent chaque année en Inde à la suite d’une rencontre impromptue avec un tigre, un léopard ou une grosse bibitte éléphantesque. Il y a eu, l’an dernier, ces deux touristes piétinés parce qu’ils avaient continué de prendre des photos pendant la charge d’un gros mâle. On est devenu plus sérieux : ce qui ne nous a pas empêché de rigoler du taxi qui descendait la route avec son touriste et qui nous a demandé si nous avions vu un éléphant. Il maintenait son touriste sous tension, dans un suspense payant. Il avait dû lui promettre des éléphants. C’est comme chez nous si on promettait à un visiteur de lui faire rencontrer un ours en forêt. Une promesse qui  n’empêche pas les ours d’être parfois d’une fréquentation difficile.
 
De lac, c’était un peu tristounet : un lac de barrage, une berge pleine de déchets, deux jeunes qui lavaient leur moto… Rien de particulier, qu’un bon entraînement pour les deux québécois. Solide dénivellation.

En allant à notre spectacle de Kathakali, du théâtre traditionnel qui fait grand cas de la moindre expression du visage, des yeux et des mains, (à mon avis, l’inspiration du style du cinéma de Bollywood), nous avons assisté à l’arrivée de l’autobus scolaire à l’école. Chez nous, beaucoup d’enfants y laisseraient leur peau. D’abord, l’autobus s’est mis en travers de la route avant de reculer vers les enfants. Ensuite, il s’est stationné du mauvais côté de la rue, de sorte que les enfants devaient monter à partir du milieu du chemin. Pendant ce temps, les autos passaient et klaxonnant tout ce petit monde. Devant notre hôtel, ce matin, on a débarqué une bonne vingtaine d’enfants et il en restait au moins cinquante dans le bus. Autre pays, autres mœurs,  direz-vous, mais une chose est certaine, les enfants survivants ont appris à surveiller le trafic. Je blague! Ici, même les poules et les poussins circulent dans la rue et ne se font jamais écraser. Ce sont les routes les plus sécuritaires que j’aie jamais vu. Je me plais à dire que l’Inde est le paradis des aveugles.


dimanche 7 février 2016

En réparation!


Au pays du thé

Nous sommes à Devikulam, à l’hôtel Vandata Wake Up. C’est un village de montagne, à 1480 mètres d’altitude, établi dans une espèce de cuvette sur les pentes de laquelle poussent autant de théiers qu’il y a d’espace utilisable. Les nuits sont froides, l’intérieur de l’hôtel devient humide et glacé pendant la nuit, mais aussitôt le jour venu, la température remonte à toute vitesse.

Aujourd’hui, nous avons suivi une route qui mène sur un col, à plus de 1800m. Le calme. La paix. Les oiseaux. Le soleil. Quelques rares personnes, comme si l’Inde n’était pas surpeuplé. La beauté d’un paysage à couper le souffle, aménagé dans ses moindres détails. C’était dimanche. Les gens revenaient de la messe, en famille. On récite le chapelet dans plusieurs maisons, le soir. C’était repos dans les champs. Un camp de travailleurs, tout en bas, des maisons en rangées pour loger les familles. Question de les garder à portée de chantier, j’imagine. Tout au fond, quelques femmes lavaient leur linge bruyamment (elles frappent le linge de toutes leurs forces sur des rochers ou du ciment) et le faisaient sécher sur les théiers.

Les employés ne semblent pas avoir un nombre d’heures limite par jour. À notre dernier hôtel, le garçon qui faisait les chambres et s’occupait des clients commençait avant notre réveil et travaillait encore à notre coucher. Lorsque je parlais avec le patron et que celui-ci avait un besoin, il demandait immédiatement et recevait tout aussi vite. Ainsi, en regardant une affiche avec moi a-t-il demandé à son employé d’aller chercher ses lunettes. Une autre fois une serviette de table en papier. N’importe quoi. On sentait un réflexe bien ancré. Ici, à l’hôtel, il est 20h30, au moment où j’écris ces lignes, et c’est le même réceptionniste que ce matin 8h. Toujours aussi souriant, accueillant et courtois. Satisfait de son boulot. Heureux de sa vie.

Les femmes revenaient de la forêt. Elles avaient ramassé du petit bois pour la semaine. Pieds nus, chargées de morceaux qui faisaient parfois 8 ou 10 pieds, elles prenaient le temps de lâcher la charge d'une main pour nous saluer en souriant. 


Demain, nous partons déjà pour Chinnacanal, environ 17km au sud. Nous nous dirigeons par étapes


vers Madurai où nous prendrons l’avion pour le Népal le 23. 

jeudi 4 février 2016

Petits événements du quotidien

Nous avons pris l’habitude de nous faire déposer en tuk-tuk à une distance de 10 à 15km et nous revenons à pied. Hier, nous nous sommes fait déposer à Echo Point. Une

gentille comédie s'y déroulait. Un lac de barrage, des gens qui crient pour obtenir un écho anémique. Nous avons bien ri. Les gens se prennent en photo devant le lac ou encore, comme il nous est arrivé, demandent aux touristes de se faire photographier avec la famille ou la conjointe.

Long retour dans la nature, avec un grand vent qui faisait tomber quelques branches d’arbres que des gens s’empressaient de ramasser. Au passage, nous avons dégusté une grenadille (fruit de la passion) aux graines gélatineuses grises étaient pratiquement identiques à des œufs de grenouille. Même texture, mais doux et savoureux. Lorsque nous avons été fatigués, nous avons pris une jeep de passage, sorte de taxi communautaire (13 sur  3 banquettes) dans le style de ce que nous avons vu au Sikkim.
 

Nous avons adopté le restaurant full veg dont je parlais précédemment. Voici à quoi ressemble le déjeuner du chasseur. Cette longue crêpe que l’on appelle dosa, est farci d’oignons, de patates et de sauce masala. C’était MON déjeuner (un peu moins de 3$) Céline mangeait les petits odlys blancs avec des beignets salés. Sauces à volonté, déposées sur les feuilles de bananier qui remplacent les napperons, sambar (genre de soupe protéinée) à volonté. Nous mangeons avec nos mains (main droite, bien sûr).

Petit détail pour finir: le "chicken 65" a été inventé en 1965. Il existe, semble-t-il, d'autres dates de poulet. 

mercredi 3 février 2016

Photo-cadeau: mésange charbonnière


Thé et montagne

De notre hôtel, près de Munnar, le gérant nous disait que les montagnes que nous voyions en panorama ne pouvaient être grimpées parce qu’elle étaient habitées par des éléphants, des tigres et des panthères noires. Il ne voulait pas en démordre. Nous avons bien ri par devers nous et un soir que je prenais des photos avec mon zoom, je me suis un peu moqué de lui en disant que je photographiais les éléphants. Il n’a pas relevé.

Nous venons de traverser ces montagnes complètement couvertes de plantations de thé. Ce sont les anglais qui se sont installés ici, probablement pour la perfection de la température, qui ont commencé par cultiver du café (curieux pour des anglais) et ensuite du thé. La compagnie Tata a procédé à cette culture pendant des années. Aujourd’hui, il semblerait qu’une coopérative s’occupe de la production. Tata aurait gardé l’usine de traitement des feuilles de thé.

Bref, c’est magnifique.  (Le paysage, bien entendu)

Nous nous retrouvons ce soir dans un petit hôtel situé dans la ville de Munnar. À deux pas du bazaar. Nous avons passé bien près de vivre un problème. Je me suis acheté 2 bières au magasin des alcools. Je n’avais qu’un petit sac duquel dépassaient les goulots de mes bières. Au restaurant, ce fut la panique. Pas question que nous ressortions avec des bières si peu couvertes. Les policiers nous auraient arrêtés s’ils nous avaient vus. Il a  fallu se trouver un sac convenable avant de ressortir du restaurant.  

J’ai mangé un « Chicken 65 ». J’avais déjà vu cela dans le Nord, sans y goûter. Délicieux. J’en parle parce que je trouve ce nom tellement étrange pour l’Inde et personne n’a encore pu me dire pourquoi o
n lui donne un tel nom. Peut-être parce qu’on y coupe le poulet en 65 morceaux? En tout cas, avec la technique de découpage du coin, je ne serais pas surpris.

Nous nous sommes promenés à travers ces coteaux couverts de théiers. Une journée magnifique. Des fleurs partout. Une rivière. La vraie campagne, avec son silence et sa quiétude. Des oiseaux qui chantent sans arrêt. Un anglais un peu (beaucoup hyper) qui s’est acheté un hôtel avec des indiens et qui compte vivre ici en permanence. Il voulait nous héberger gratuitement, mais il a oublié de nous donner ses coordonnées en partant. De toute façon, un peu trop trop. Nous avons bu son thé au citron et écouté pendant une heure l’histoire de sa vie. Il s’accrochait à un jeune italien rencontré en entrant dans l’hôtel.


Je suis las. Notre balade m'a fatigué. Nous allons souper dans un restau « full veg », ce qui veut dire qu’il est géré par un brahman.  C’est vraiment veg…