vendredi 26 février 2016
Le mythe
Katmandou! Nous étions adolescents que nous en rêvions. Mythe si lointain, que nous
ne pensions pas l’atteindre. Jamais!
Lorsque, tout au long
des années soixante, nous entendions parler de Katmandou, nous ne savions pas
qu’il n’y avait qu’un ensemble de villages, dans cette vallée. Par contre, nous
nous doutions bien qu’on pouvait y consommer pot et hasch à volonté. En 1974,
on a fait des lois pour régler le problème de la drogue et les habitants des
villages ont commencé à essaimer pour former la ville actuelle. Une grande ville
mal foutue où la pollution est si importante qu’environ 15% des gens qu’on y
rencontre portent des masques pour se protéger de la poussière soulevée par les
véhicules (motos surtout, parce que certaines rues sont tellement détériorées
que les autos peinent à y circuler), si omniprésente que les commerçants
doivent essuyer les produits avant de les vendre. Je ne voulais pas acheter la
première bière que j’y ai vu, croyant qu’elle datait de quelques années.
Lorsque j’ai vu une même bouteille toute poussiéreuse au frigo, j’ai constaté
que tout, dans l’épicerie, était uniformément couvert de poussière. Ajoutez à
cela les gaz d’échappement, plus quelques usines, et le mélange devient parfait
pour vous embarrasser les poumons en peu de temps. Avant les années 90, nous
dit-on, on voyait plusieurs sommets de l’Himalaya à partir de la ville.
Maintenant, avec la pollution, ça n’arrive pratiquement jamais.
Notre passage à
l’aéroport s’est terminé après un délestage de 202$ US. Coût du visa. Pas
chanceux avec la valeur actuelle du dollar canadien. Taxi jusqu’à notre hôtel.
Rien de beau, ni d’intéressant sur la route. Une ville grise et brune au
plafond bas, une circulation digne des rues indiennes, des maisons sales,
quelques murets éventrés par le tremblement de terre de l’an dernier, de la
pauvreté, des kiosques de rue sombres, des passants masqués ou sans le moindre
sourire. Je me trouvais négatif. J’ai attribué ma perception à mon état de
fatigue : nous n’avions dormi que 2 ou 3 heures pendant les 36 dernières
heures.
En effet, notre
passage à l’aéroport de Delhi nous a épuisés. Arrivés vers 20h, notre avion ne
repartait que le lendemain 8h. En fait, avec les retards accumulés pour cause
de température au Népal, il est reparti à 10h 30. Pendant tout ce temps nous
avons été confinés dans LA zone de transit : des chaises droites en
rangées, 4 chaises longues et un sol en terrazzo. Les personnes présentes (une
bonne centaine), somnolaient, assises ou couchées par terre où sur des chaises.
Céline, dans un moment de panique, j’imagine, alors que le plancher de pierre
s’imposait peu à peu comme la seule solution à notre fatigue, s’est d’abord
employée à nous trouver un hôtel pour la nuit et, devant son insuccès, s’est
livrée à une opération charme pour réserver 2 des chaises longues occupées par
une famille indienne de Toronto. Même pays ; un peu amis. Ses sourires,
ses rires et ses blagues ont gagné les cœurs. J’ai collaboré en poussant nos
bagages pour nous rapprocher à mesure que des chaises se libéraient à
proximité. Les Torontois nous ont cédé leurs chaises un peu plus tôt qu’ils
auraient peut-être voulu sans notre étouffement.
Ici à Katmandou, notre
chambre est petite et froide. Il n’y a que quelques heures d’électricité par
jour. Le reste du temps, des batteries fournissent un minimum d’éclairage. La
température extérieure chute brusquement chaque nuit et nos fenêtres ne se
ferment pas complètement. L’eau chaude
provient de tuyaux noirs sur la toiture. Il faut donc être stratégique pour se
doucher à l’eau tiède. Le cuisinier est un garçon de 16 ans, sorti d’un village
et amené en ville pour lui permettre d’être nourri et logé tout en recevant un
petit revenu mensuel. Il couche par terre dans la cuisine.
Nous nous sommes promenés
dans la ville. Notre première impression s’est confirmée : il n’y a pas de
couleur : qu’une poussière insupportable qui recouvre tout, même les
chiens errants. Après des kilomètres de marche à travers des monuments
endommagés ou détruit par le tremblement de terre et des édifices étançonnés
pour éviter un effondrement fatal, nous nous sommes retrouvés sur la Freak
Street, jolie rue, celle-là, où se trouvent Penny Lane Café (le titre d’une
chanson des Beatles) et Snowman Café (chanson « Katmandou » de Cat
Stevens). Nous avons retrouvé là un reste de lumière d’une époque passée. Une
belle rue dallée qui s’est prolongée par une rue marchande normale. Une rue
pour les népalais, bordée de magasins qui offrent des produits de qualités. Je
dis une rue normale, parce qu’il existe un grand quartier pour touriste, où les
népalais nous envoient pour nos moindres besoins, où se situent la plupart des
hôtels, où les prix sont le double des prix normaux et où les restaurants ne
servent que de la nourriture italienne, américaine, française, etc. Nous n’avons
pas encore trouvé de restaurant pour les népalais qui nous semblent
suffisamment correct pour y manger. Nous nous sommes rabattus sur des soupes en
sachets et sur des momos, petites bouchées de viandes ou de légumes enrobées de
pâtes et cuites à la vapeur. Plus souvent délicieuses qu’autrement.
La vie ici nous semble
dure. Les gens sourient peu et ne nous saluent pas. Une moto m’a heurté le bras
au passage. Avec le guidon. Le conducteur n’a même pas ralenti. Les motos
circulent à bonne vitesse à travers les gens et ils ont la priorité. Il fait
sombre dans les maisons et dans les magasins. Dehors, c’est pollué.
Faut dire, que nous
débarquons du Kérala, qui est, parmi toutes régions que nous avons visitées,
celle où la vie est la plus douce. Le choc que nous ressentons est donc plus
brutal et s’atténuera probablement au fur et à mesure de notre adaptation.
Nous partons lundi
pour une autre région. Nous espérons qu’un charme s’opérera. Peut-être la vue
lointaine de l’Annapurna saura égayer nos journées.
jeudi 18 février 2016
Un pays pas comme les autres
Malgré six mois en
Inde, une aisance acquise avec la nourriture, les coutumes et les
comportements, il arrive toujours un moment où nous sommes pris par surprise.
On dirait qu’on ne peut pas se mettre en tête que ce pays est un amalgame de dizaines
de langues, de cultures et d’habillements. Ainsi, le mois dernier avons-nous
été ébahis de voir monter dans l’autobus, un groupe culturel habillé comme des
romanichels, les hommes avec des chemises voyantes, les cheveux frisés, les
femmes portant des jupes découvrant une partie du ventre, justaucorps cintrés,
colliers, pendentifs, boucles d’oreille. Toutes les femmes parlaient beaucoup,
très fort, avec des voix de basse accentuées. Il s’agissait d’un peuple plus au
nord, nous a-t-on dit. Ils étaient d’une beauté saisissante.
Kumily est une ville touristique,
située à la limite d’un parc national dans lequel, dit-on, circulent tigres,
éléphants, etc. Toutefois, depuis que deux touristes se sont fait piétiner par
un éléphant l’an dernier, il semble que les guides sont soudainement devenus
incapables d’en voir. Ils évitent d’y amener les touristes. Ce qui n’empêche
pas l’organisation de safaris ou autres promenades guidées, coûteuses, à pieds
ou en jeep, pour quelques heures ou quelques jours. Nous avons expérimenté les
safaris indiens l’an dernier, qui nous ont permis de voir un tigre en liberté :
la jeep avait reculé juste au côté de la bête couchée pour nous permettre de la
photographier derrière des barreaux. Une fois suffit. L’autre fois, à pieds
dans un parc à tigres, au nord, nous n’avons vu, comme plantes et animaux, que
des bambous et un cheval. Donc, cette fois-ci, nous nous contenterons de nous
promener autour du lac ou dans le refuge d’oiseaux. Si c’est possible sans
guide et sans être inclus dans un groupe.
Aujourd’hui, nous
avons gravi un promontoire : une centaine de mètres sur 2,5km. Un exercice
excellent pour la santé. Les jeeps louées par les touristes nous dépassaient,
tant en montant qu’en descendant. Ils arrivaient au sommet, les conducteurs
laissaient tourner le moteur pendant que les clients se photographiaient, puis remontaient
à bord pour redescendre. Un peu tristounet. Le point de vue était joli, le
promontoire bien situé, surmonté d’une croix, un peu trop de brume, comme
toujours dans les paysages indiens.
Céline a cassé en deux
la monture de ses lunettes. Il y a de cela deux semaines, juste comme ça, en
les essuyant. Un défaut de fabrication. Made in China, je suppose. Nous l’avons
collée à la « superglue » et ça a tenu quelques jours. Puis, crack.
Foutu. Aujourd’hui, nous avons eu une illumination (ça arrive en Inde) et nous
avons consulté un optométriste. Il a simplement transféré les vitres dans une
nouvelle monture. Un travail de 5 minutes, un coût de presque rien et des
lunettes neuves. Vive l’Inde et ses solutions si simples, pour presque tout.
lundi 15 février 2016
Au pays des épices.
On se croirait sur les traces de Marco Polo. Tout en approchant de ce
petit coin de pays, dans notre confortable taxi, les gens faisaient sécher leur
thé ou leur cardamome le long de la route, sur de grandes bâches en plastique
bleue. Une route digne d’un circuit cycliste, en côtes et en zigzags, sur une
route de la largeur d’une piste cyclable. Au lieu d’un tour de l’Indre, nous aurions un
tour de l’Inde. Beau changement. Faudrait juste faire attention aux animaux de
toutes sortes qui circulent ou dorment sur la route. En auto, lorsqu’on atteint 70km
heure, on a l’impression de rouler à 130. On double alors partout, dans les
virages comme dans les côtes. Enfin, on est arrivé en parfait état. Quand je
disais que les routes de l’Inde sont sécuritaires!
Finalement, nous sommes à Ramakkalmedu, une petite agglomération située
près de l’immense dénivellation de 500 mètres qui parcourt une bonne partie de
l’Inde, du nord au sud. C’est un coin oublié du Lonely Planet et de la plupart
des Guides de voyage. Notre « Home stay », le Wind Valley, se trouve
à moins d’un kilomètre d’un point de vue
époustouflant. On a l’impression d’être en avion. Des dizaines d’agglomérations
blanches couvrent une partie de la grande plaine, des dizaines d’éoliennes,
comme de grandes plantations, et tout un territoire divisé en champs colorés.
Léonardo de Caprio qui a passé dans la région a dit que s’il existe un paradis
terrestre quelque part sur la planète, c’est ici qu’il se trouve. Nous pourrions
donner plusieurs autres endroits paradisiaques, celui-ci en serait un, en tenant
compte, bien sûr, de la saison pendant laquelle on y habite. Quand je vois de
magnifiques maisons, chez nous, perchées sur un promontoire, désirables, je me
dis toujours : « Oui, mais l’hiver ? ». Ici, on se dit :
« Oui, mais pendant la mousson ? »
Demain, nous irons voir un rocher en forme de tortue : une belle destination
pour une promenade de quelques kilomètres.
Note : le théier est une plante grimpante.
vendredi 12 février 2016
Il est où, le danger?
Finalement, j’ai
franchi la porte du barbier, de l’autre côté de la rue, juste en face de notre
hôtel. De fait, elle est toujours ouverte. Lui, il ne parle pas un mot
d’anglais. Je l’ai salué d’un petit coup de tête sur le côté (je me pratique à
faire comme les Indiens) et je lui ai fait un signe au-dessus des oreilles.
Impossible de lui donner plus de détails. Il m’a fait asseoir sur sa vielle
chaise en cuir craquelée. La seule libre de produits. Devant
moi, le comptoir débordait de
toutes sortes de choses et en-dessous, je pouvais voir les cheveux résultants d’un
bon mois de coupe. Tout noir. Les miens sont blonds, ou plutôt portent encore
des nuances de blond dans le gris qui peu à peu prédomine. C’est mon point de
vue.
Il m’a mis une cape
autour du cou, comme chez nous, l’a attachée bien serrée, a farfouillé dans une
boîte sur le comptoir et en a sorti une paire de ciseaux qui avaient du
« lousse », comme on dit chez nous. Je me suis dit, comme ça, que ça
tirerait dans les coins. Il a pris son vieux peigne rouge, j’ai fermé les yeux,
craintif, et en deux-trois coups indolore, j’avais un tel dégradé sur le côté
droit que je ne pouvais plus sortir, malgré la frousse qui m’habitait. Devant
moi, je regardais son système de son, celui que j’entends toute la journée de
ma chambre : un truc antique avec deux haut-parleurs énormes, au moins
quinze pouces, heureusement silencieux. Il me plaçait la tête avec autorité et
coupait, coupait. Je me disais qu’heureusement, ça repousserait avant mon
retour. Mais finalement, l’opération s’est terminée avec une bonne coupe. Un
peu
courte, peut-être, mais
rafraîchissante. De la peur pour rien. Lorsque je lui ai fait signe que je
voulais le payer, il m’a tout simplement demandé de sortir de l’argent. Je lui
ai donné 200 roupies, m’attendant à un peu plus. Il m’en a remis 100 et a
commencé à sortir du change pour les 100 qui restaient. Je lui ai fait signe de
garder le 100 roupies : ça m’a fait une coupe pour un peu plus de 2$. À moins,
j’aurais été honteux. Lui, me remerciait du pourboire.
Nous sommes partis à
travers les pentes couvertes de thé. Tellement magnifique. Les femmes qui
revenaient de la cueillette et faisaient peser leur travail, toutes vêtues d’un
long tablier en toile pour se protéger, les camps pour loger les travailleurs
et leurs enfants, les tracteurs tirant des remorques remplies de feuilles
fraîches, l’usine de Tata, et enfin, un magasin rempli de produits. J’ai appris
que pour 7 heures de cueillette au
soleil, on gagne environ 280
roupies. On travaille 6 jours sur sept et on habite dans des maisons de la
compagnie. Logement gratuit et école gratuite sur place pour les enfants.
Les plantations de thé
sont clôturées à l’aide de poteaux découpés dans le granit. On y ajoute souvent
des haies très denses, pour décourager les balades d’éléphants, j’imagine. Se
promener dans ces plantations, c’est comme vivre dans un immense jardin. Quelques
photos suffiront à vous faire vivre un peu notre journée. Sur le chemin du
retour, Céline avait une bonne avance sur moi qui traînait en surveillant les
oiseaux, lorsque soudainement je la vois qui m’attend. Pour boire une gorgée
d’eau dit-elle. Je remarque, un peu plus loin, une vache aux longues cornes
pointues, couchée en plein milieu du passage. Elle rumine doucement. Après les pancartes indiquant les passages
d’éléphants, nous voilà devant une obstruction majeure. Je lui ai passé sous le
nez sans qu’elle ne bronche d’un iota et Céline m’a suivi sans plus de
problème. Nous ne pouvions nous empêcher de penser à la vache qui m’a agressé l’an
dernier à Jaisalmer.
Demain, nous partons.
Plutôt que de transférer dans trois autobus différents, plus une jeep et un
tuk-tuk, nous avons décidé de louer un taxi. Rien pour nous ruiner : environ
40$ pour une soixantaine de kilomètres. Combien plus confortable.
mercredi 10 février 2016
Finalement, faut se méfier des éléphants...
Ce matin, alors que nous
partions en balade, notre hôtelier nous mettait en garde contre les éléphants.
Nous allions au lac, à quelques kilomètres d’ici, et je me promettais de prolonger
un peu notre promenade en parcourant un petit sentier qui contourne l’étendue
d’eau jusque sur une montagne. Non (ou plutôt "no"), nous disait-il,
trop dangereux. Nous pouvions aller au lac, mais pas plus loin. Retour
immédiat. Les éléphants sauvages sont nombreux et dangereux, affirmait-il,
particulièrement s’ils sont solitaires. Des rejetés aigris. Il y mettait
beaucoup de sérieux. En cours de route, nous avons revérifié cette information
après d’un restaurateur qui nous a confirmé qu’il y a effectivement beaucoup d’éléphants sauvages, mais
qu’ils sont plus loin. La zone sécuritaire de notre hôtelier était un peu exagérée.
On a compris qu’il voulait garder ses clients en santé. Faut éviter la mauvaise
publicité.
Nous avons toutefois respecté
ses injonctions en nous disant qu’il est plus difficile d’effrayer un éléphant
en faisant bouh! qu’un chevreuil, par exemple
De plus, Céline nous a relevé une autre considération dissuasive, sur le
web, en notant que de nombreuses personnes meurent chaque année en Inde à la
suite d’une rencontre impromptue avec un tigre, un léopard ou une grosse
bibitte éléphantesque. Il y a eu, l’an dernier, ces deux touristes piétinés
parce qu’ils avaient continué de prendre des photos pendant la charge d’un gros
mâle. On est devenu plus sérieux : ce qui ne nous a pas empêché de rigoler
du taxi qui descendait la route avec son touriste et qui nous a demandé si nous
avions vu un éléphant. Il maintenait son touriste sous tension, dans un
suspense payant. Il avait dû lui promettre des éléphants. C’est comme chez nous
si on promettait à un visiteur de lui faire rencontrer un ours en forêt. Une
promesse qui n’empêche pas les ours d’être
parfois d’une fréquentation difficile.
De lac, c’était un peu
tristounet : un lac de barrage, une berge pleine de déchets, deux jeunes
qui lavaient leur moto… Rien de particulier, qu’un bon entraînement pour les
deux québécois. Solide dénivellation.
En allant à notre spectacle
de Kathakali, du théâtre traditionnel qui fait grand cas de la moindre
expression du visage, des yeux et des mains, (à mon avis, l’inspiration du
style du cinéma de Bollywood), nous avons assisté à l’arrivée de l’autobus
scolaire à l’école. Chez nous, beaucoup d’enfants y laisseraient leur peau. D’abord,
l’autobus s’est mis en travers de la route avant de reculer vers les enfants.
Ensuite, il s’est stationné du mauvais côté de la rue, de sorte que les enfants
devaient monter à partir du milieu du chemin. Pendant ce temps, les autos
passaient et klaxonnant tout ce petit monde. Devant notre hôtel, ce matin, on a
débarqué une bonne vingtaine d’enfants et il en restait au moins cinquante dans
le bus. Autre pays, autres mœurs,
direz-vous, mais une chose est certaine, les enfants survivants ont appris
à surveiller le trafic. Je blague! Ici, même les poules et les poussins
circulent dans la rue et ne se font jamais écraser. Ce sont les routes les plus
sécuritaires que j’aie jamais vu. Je me plais à dire que l’Inde est le paradis des
aveugles.
dimanche 7 février 2016
Au pays du thé
Nous sommes à Devikulam, à l’hôtel Vandata Wake Up. C’est un village de
montagne, à 1480 mètres d’altitude, établi dans une espèce de cuvette sur les
pentes de laquelle poussent autant de théiers qu’il y a d’espace utilisable.
Les nuits sont froides, l’intérieur de l’hôtel devient humide et glacé pendant
la nuit, mais aussitôt le jour venu, la température remonte à toute vitesse.
Aujourd’hui, nous avons suivi une route qui mène sur un col, à plus de
1800m. Le calme. La paix. Les oiseaux. Le soleil. Quelques rares personnes,
comme si l’Inde n’était pas surpeuplé. La beauté d’un paysage à couper le
souffle, aménagé dans ses moindres détails. C’était dimanche. Les gens
revenaient de la messe, en famille. On récite le chapelet dans plusieurs
maisons, le soir. C’était repos dans les champs. Un camp de travailleurs, tout
en bas, des maisons en rangées pour loger les familles.
Question
de les garder à portée de chantier, j’imagine. Tout au fond, quelques femmes
lavaient leur linge bruyamment (elles frappent le linge de toutes leurs forces
sur des rochers ou du ciment) et le faisaient sécher sur les théiers.
Les femmes revenaient de la forêt. Elles avaient ramassé du petit bois
pour la semaine. Pieds nus, chargées de morceaux qui faisaient parfois 8 ou 10 pieds, elles prenaient le temps de lâcher la charge d'une main pour nous saluer en souriant.
Demain, nous partons déjà pour Chinnacanal, environ 17km au sud. Nous
nous dirigeons par étapes
vers Madurai où nous prendrons l’avion pour le Népal le 23.
jeudi 4 février 2016
Petits événements du quotidien
Nous avons pris l’habitude de nous faire déposer en tuk-tuk à une
distance de 10 à 15km et nous revenons à pied. Hier, nous nous sommes fait
déposer à Echo Point. Une
gentille comédie s'y déroulait. Un lac de barrage, des gens qui crient pour obtenir un écho anémique. Nous avons bien ri. Les gens se prennent en photo devant le lac ou encore, comme il nous est arrivé, demandent aux touristes de se faire photographier avec la famille ou la conjointe.
Long retour dans la nature, avec un grand vent qui faisait tomber
quelques branches d’arbres que des gens s’empressaient de ramasser. Au passage,
nous avons dégusté une grenadille (fruit de la passion) aux graines gélatineuses
grises étaient pratiquement identiques à des œufs de grenouille. Même texture,
mais doux et savoureux. Lorsque nous avons été fatigués, nous avons pris une
jeep de passage, sorte de taxi communautaire (13 sur 3 banquettes) dans le style de ce que nous
avons vu au Sikkim.
Nous avons adopté le restaurant full veg dont je parlais précédemment.
Voici à quoi ressemble le déjeuner du chasseur. Cette longue crêpe que l’on
appelle dosa, est farci d’oignons, de patates et de sauce masala. C’était MON
déjeuner (un peu moins de 3$) Céline mangeait les petits odlys blancs avec des
beignets salés. Sauces à volonté, déposées sur les feuilles de bananier qui remplacent les napperons, sambar (genre
de soupe protéinée) à volonté. Nous mangeons avec nos mains (main droite, bien sûr).
Petit détail pour finir: le "chicken 65" a été inventé en 1965. Il existe, semble-t-il, d'autres dates de poulet.
Petit détail pour finir: le "chicken 65" a été inventé en 1965. Il existe, semble-t-il, d'autres dates de poulet.
mercredi 3 février 2016
Thé et montagne
De notre hôtel, près de Munnar, le gérant nous disait que les montagnes
que nous voyions en panorama ne pouvaient être grimpées parce qu’elle étaient
habitées par des éléphants, des tigres et des panthères noires. Il ne voulait
pas en démordre. Nous avons bien ri par devers nous et un soir que je prenais
des photos avec mon zoom, je me suis un peu moqué de lui en disant que je
photographiais les éléphants. Il n’a pas relevé.
Nous venons de traverser ces montagnes complètement couvertes de
plantations de thé. Ce sont les anglais qui se sont installés ici, probablement
pour la perfection de la température, qui ont commencé par cultiver du café
(curieux pour des anglais) et ensuite du thé. La compagnie Tata a procédé à
cette culture pendant des années. Aujourd’hui, il semblerait qu’une coopérative
s’occupe de la production. Tata aurait gardé l’usine de traitement des feuilles
de thé.
Bref, c’est magnifique. (Le
paysage, bien entendu)
Nous nous retrouvons ce soir dans un petit hôtel situé dans la ville de
Munnar. À deux pas du bazaar. Nous avons passé bien près de vivre un problème. Je
me suis acheté 2 bières au magasin des alcools. Je n’avais qu’un petit sac
duquel dépassaient les goulots de mes bières. Au restaurant, ce fut la panique.
Pas question que nous ressortions avec des bières si peu couvertes. Les
policiers nous auraient arrêtés s’ils nous avaient vus. Il a fallu se trouver un sac convenable avant de
ressortir du restaurant.
J’ai mangé un « Chicken 65 ». J’avais déjà vu cela dans le
Nord, sans y goûter. Délicieux. J’en parle parce que je trouve ce nom tellement
étrange pour l’Inde et personne n’a encore pu me dire pourquoi o
n lui donne un
tel nom. Peut-être parce qu’on y coupe le poulet en 65 morceaux? En tout cas,
avec la technique de découpage du coin, je ne serais pas surpris.
Nous nous sommes promenés à travers ces coteaux couverts de théiers. Une
journée magnifique. Des fleurs partout. Une rivière. La vraie campagne, avec
son silence et sa quiétude. Des oiseaux qui chantent sans arrêt. Un anglais un
peu (beaucoup hyper) qui s’est acheté un hôtel avec des indiens et qui compte
vivre ici en permanence. Il voulait nous héberger gratuitement, mais il a
oublié de nous donner ses coordonnées en partant. De toute façon, un peu trop
trop. Nous avons bu son thé au citron et écouté pendant une heure l’histoire de
sa vie. Il s’accrochait à un jeune italien rencontré en entrant dans l’hôtel.
Je suis las. Notre balade m'a fatigué. Nous allons souper dans un restau « full
veg », ce qui veut dire qu’il est géré par un brahman. C’est vraiment veg…
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