Les humains, ici comme
ailleurs dans le monde, sont habités des mêmes croyances. Ils font des
alfombras pour offrir des fruits, des légumes et des décorations au seigneur,
ils transportent Jésus et la Vierge sur leurs épaules en se rappelant les
grands moments de sa vie. On fait de même dans la plupart des religions,
partout sur la planète. Ce qui me fait dire que nous ne sommes pas si loin des
offrandes primitives. Tout au plus sommes-nous moins violents. Grande différence,
me direz-vous, mais même geste.
Et que nous offrent
les religions? Un code de vie. L’espérance d’une vie meilleure après la mort, une
autre vie, plus heureuse, à la condition de vivre notre vie terrestre dans le
respect de dogmes et de rites élaborés par des humains au nom des dieux. Une façon de dire que la vie présente est une
vie de misère et que le bonheur, le vrai bonheur, nous le retrouverons après la
mort, dans une vie éternelle.
Pourtant, sur cette
terre, chacun de nos choix de vie est fait en fonction de notre propre recherche
du bonheur. D’un bonheur maintenant. On n’y pense pas toujours en optant pour
un choix plutôt qu’un autre, on ne mesure pas toujours tous les inconvénients
qu’ils risquent d’entraîner, mais on les assume et on les répète dans la mesure
ou ils nous rapportent plus de satisfaction qu’ils ne nous créent d’inconvénients.
Parfois, le gain de bonheur est bien pauvre, mais l’humain que nous sommes recherche
constamment une meilleure solution à ses souffrances et s’il n’en trouve pas, il
explorera parfois l’impensable, il inventera des voies qui pourront être
perdantes, très perdantes, destructrices, même. On en voit tous les jours, dans
les journaux, de ces êtres qui n’ont pas trouvé une réponse appropriée à leurs besoins.
D’autres, confient
leur recherche de bonheur à d’autres, espèrent qu’on leur donnera une clef, qu’on
leur indiquera le chemin à suivre. Une clef en main et une promesse de paradis.
Route plus facile, qui ne demande pas de réflexion.
Voilà ce que m’inspire
aujourd’hui toutes ces manifestations de piété qui frappent Antigua. Pour
certains, c’est une occasion de faire la fête, pour d’autres une occasion de
faire des affaires, pour une troisième catégorie, du voisin gonflable, avoir
une procession plus grosse que les autres, et pour une majorité, je crois, j’espère,
la manifestation d’une foi profonde.
Je me scandalise
souvent devant les sectes et les religions des autres qui font de la formation
en circuit fermé, hors des écoles publiques, souvent, pour éviter la
contamination de leurs enfants. Je parle alors de lavage de cerveau et je me
dis que ce ne sont que les religions des autres qui font comme ça. Mais ici,
quand je vois les enfants de 5 ans à 6 ans, 10 ou 12ans, 14 ou 15 ans, porter une andaria pendant des kilomètres, je
me dis qu’on est en train de les conformer pour la vie. Qu’on les engage sur
une voie choisie pour eux.
Il faudrait se questionner
longuement sur ce que devrait être une formation ouverte en même temps que
respectueuse des autres et de l’environnement. Une formation qui laisse de la
liberté face à la culture et à l’avenir. Une formation qui ne t’enchaîne pas à
des croyances en même temps qu’elle te situe correctement dans le monde.